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Retour sur le témoignage du médecin anti-bonapartiste Tyrbas de Chamberet…

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servicedesant.jpgOn sait que les témoignages de membres du Service de santé, sous l’Empire, sont très souvent d’excellente qualité. Leurs auteurs possèdent toujours un sens développé de l’observation et une instruction permettant de les transcrire d’une façon précise. C’est le cas de Joseph Tyrbas de Chamberet (1779-1870) avec ses « Mémoires » qui étaient jusque là inédits. L’auteur sera notamment en Espagne, où il dépeint avec réalisme la misère qui règne dans les hôpitaux militaires, les concussions de certains fonctionnaires qui détournent argent et vivres à leur seul profit, laissant les malades sans confort, sur leur lit de douleur, rongés par la vermine. En 1815, Tyrbas de Chamberet fait partie de la 9ème division d’infanterie-2ème corps général Foy- et participe à la campagne de Belgique. Il est présent à la bataille de Waterloo mais il se trouvait « derrière les lignes de troupes dans une grande ferme sur la route même de Bruxelles, où l’on avait établi l’ambulance du quartier-général ». Le médecin raconte durant cette campagne, deux anecdotes ; la première se situe le 16 juin 1815 ; l’auteur est alors impressionné de voir « un malheureux soldat, qui depuis deux jours, gisait au beau milieu de la route, dont le sol était défoncé par la pluie et le passage de la cavalerie et l’artillerie de l’amère, dans une mare de boue. Il avait plusieurs membres défoncés et pilés par les chevaux et les fourgons qui étaient passés sur lui, il ne pouvait ni parler, ni remuer » (p.154). Plus loin, Tyrbas de Chamberet, raconte que Jérôme, frère de l’Empereur, passant à côté d’un prisonnier anglais (nous sommes sans doute le 19 juin 1815) et jugeant qu’il n’avançait pas assez vite l’abat froidement d’un coup de pistolet (p.164). Ce fait, réel ou inventé, auquel l’auteur n’a pas assisté visuellement, vient alimenter son anti-bonapartisme virulent. Ce ressentiment finit par nuire à cet intéressant témoignage, tellement Tyrbas de Chamberet « assomme » le lecteur par la lourdeur de ses réflexions répétitives, se plaisant à appeler l’Empereur, « Bonaparte » et à le qualifier de « tyran » toutes les deux pages !

On regrettera aussi la légèreté de l’appareil critique, certaines dates ou noms de lieux inexacts énoncés par Joseph Tyrbas de Chamberet et qui auraient méritées d’être corrigées.Après la chute de cet Empire que l’auteur exècre tant, il est nommé professeur de médecine à Lille puis en 1831, il est envoyé en Pologne afin d’étudier une maladie qui ravage ce pays : le choléra. Il terminera sa carrière comme gouverneur du Val-de-Grâce.

Sur ce personnage on lira en complément deux notices (accessibles sur internet) le concernant :

« Notice biographique sur J.-B. Tyrbas de Chamberet », par M. le médecin-inspecteur Laveran, membre du conseil de santé des armées, in « Recueil de Mémoires de médecine… », Tome XXIV, IIIème série, Victor Rozier, Éditeur, 1870, accessible via le site Gallica de la Bibliothèque Nationale de France.

« Jean-Baptiste Tyrbas de Chamberet (1779-1870), médecin militaire, acteur et témoin de son temps », in « Histoire des Sciences médicales, tome XLIII, n°2, 2008 », accessible sur l’excellent site de la BIUM :  http://www.biusante.parisdescartes.fr/

Joseph TYRBAS de CHAMBERET, « Mémoires d’un médecin militaire. Présentés et annotés par Erwan Dalbine », Editions Christian, 2001, 266 pages.

 

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