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Faux Napoléon mais véritables imposteurs !

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Napoléon portrait. 

A partir de l’été 1815, alors que Napoléon est en route vers Sainte-Hélène, apparurent dans certains départements de la France, apparurent des « Napoléon » tous aussi faux les uns que les autres. En août de la même année, dans l’Ain, un certain Jean-Baptiste Ravier ancien militaire, déclare à des paysans qu’il est l’empereur Napoléon !  L’imposteur déclare même que lors de la bataille de Waterloo douze de ses généraux passèrent à l’ennemi ! A la même période, cette fois c’est en Isère qu’apparaît l’Empereur, incarné par le sieur Félix. Ces impostures « surviennent alors seulement quelques mois après le passage de Napoléon dans l’Isère et dans l’Ain : le souvenir de l’Empereur y est encore très présent.  La seconde Restauration vient juste de s’établir, et cette période de transition est propice aux exactions en tous genres. L’instabilité du pouvoir favorise l’émergence d’imposteurs qui tablent sur la désorientation pour les escroquer. Prendre l’habit de l’Empereur est d’autant plus facile que son départ est récent.»[1]  Il y eut d’autre cas. Deux ans plus tard, durant l’été de 1817, c’est de nouveau dans le département de l’Ain, qu’apparaît l’Empereur sous les traits d’un certain Jean Charnay, ancien militaire lui aussi, et qui tient des discours incohérent, même s’il a un physique qui peut faire illusions aux yeux de certains paysans bien naïfs. Ces imposteurs, qui ne portent jamais d’uniforme et cheminent tels des vagabonds sur des routes de campagne,  sont tout à tour illuminés, manipulateurs et parfois mégalomanes, et bien souvent escrocs !  Profitant de la crédulité publique,  ces faux empereurs se font loger, nourrir et empruntent de l’argent si besoin est.  Puis, au fil des jours et des semaines, voyant  que leur crédibilité est moins efficace, ils changent de départements et finissent parfois par se faire arrêter par les autorités locales. Le plus connu des faux empereurs est certainement ce « père Hilarion », religieux de son état et qui sévit en Lozère de 1817 jusqu’au début de 1823. Ce prêtre, sans le sou, va acheter le château de Saint-Alban, près de Mende afin d’y installer un asile d’aliénés. Nous sommes en 1822 et notre homme n’en finit pas de tromper son monde. A l’image du capitaine de la gendarmerie qui déclare tout bas, à Armand Marquiset, sous-préfet de la Lozère : « C’est l’Empereur ! ». Le fonctionnaire désarçonné par cette déclaration aura beau lui répondre : « Comment l’Empereur ? Mais il est mort depuis un an et demi ! ». Mais le père Hilarion, faute de moyens financiers, finira par abandonner son projet si charitable et se fera beaucoup plus discret… 

Daniel LEUWEN


[1]  Nathalie Pigault, «Les Faux Napoléon. 1815-1823 », CNRS Editions, 2018.

 

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