Elle est extraite du « Carnet de la Sabretache » de novembre 1907. Sur ce personnage, lire l’excellente biographie de Jean Tabeur, parue chez Teissèdre en 2004.
Fontainebleau, 14 avril 1814
Mon cher compatriote,
Le major Bureau, mon aide-de-camp et votre compatriote, se rendant à Paris, je le charge d’aller vous voir et me rappeler à votre amitié ; je le prie de vous exprimer combien j’aurais été heureux, si j’avais pu vous faire moi-même mes adieux. L’Empereur va partir pour l’île d’Elbe, deux officiers seulement l’accompagneront dans sa retraite. Je suis un de ces officiers. J’ai bien aimé et bien servi mon souverain lorsqu’il était heureux, je le suivrai et j’adoucirai ses peines dans l’adversité. Il m’en coûte beaucoup de renoncer à ma patrie, à ma famille, à mes affections les plus chères. Il m’en coûterait bien plus, si je renonçais à la reconnaissance. J’ai fais mes adieux aux canons, je les aimais cependant beaucoup, et si je nez suis jamais rappelé dans notre bonne France, je n’y servirai pas. Mon intention est de consacrer à l’étude et au bonheur intérieur les années qu’il plaira à la providence de me laisser encore dans cette vallée de larmes. J’emporte en quittant l’état militaire une grande consolation : celle d’avoir toujours été guidé par l’honneur et par la probité. Ayez la bonté de présenter mes amitiés à Mme de Richier et à Mlle de Richier. Conservez-moi une part dans votre bonne amitié et croyez à mon bien sincère et éternel dévouement.
Signé : DROUOT