Le 5 décembre 1812, sentant la nécessité de rentrer en France, Napoléon quitte l’armée à Smorgoni, laissant le commandement au roi de Naples.
« A dix heures précises du soir, nous montâmes en voiture, l’Empereur et moi, dans sa dormeuse, le brave Wonsowicz à cheval près de la voiture, Roustam, les piqueurs Fagalde et Amodru aussi à cheval. L’un d’eux prit les devants pour commander les chevaux de poste à Oschmiana. Le duc de Frioul et le compte de Lobau suivaient dans une autre. Les mesures furent si bien prises, le secret si bien gardé que personne ne se douta de la moindre chose et, à l’exception du grand maréchal [Duroc] et du baron Fain, même ceux qui partirent ne surent le voyage qu’à sept heures et demie, quand les maréchaux l’apprirent. L’Empereur arriva à Oschmiana vers minuit. La division Loison et un détachement de la cavalerie napolitaine y avaient pris position dans l’après-midi. Il gelait très fort. Pleins de sécurité et se croyant couverts par l’armée, les postes, mal placés, étaient aussi mal gardés ; la division logeait ne ville. Chacun s’était enfermé et mis à l’abri du froid, qui était excessif. Un partisan russe avait profité de cette sécurité pour faire, quelque temps avant l’arrivée de l’Empereur, un hourra général dans cette ville, avec des cosaques et des housards. Quelques sentinelles tuées, quelques hommes emmenés furent le seul résultat de cette expédition. La fusillade de chaque maison ayant bientôt obligé les Russes à s’enfuir, ils prirent position au-dessus de la ville qu’ils canonnèrent quelque temps. Les choses étaient dans cette situation quand l’Empereur y arriva » .
(Général de CAULAINCOURT, « En traîneau avec l’Empereur. Présenté par Christophe Bourachot », Arléa, 2002, p. 81).
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