Née en 1785 [1], elle suit son époux à Sainte-Hélène, avec leurs trois enfants (un quatrième naîtra sur place). Selon l’historien R. Brice (« Les espoirs de Napoléon à Sainte-Hélène », Payot, 1938), « Inconséquente, prétentieuse, aimant paraître, elle avait cependant le sens de la fidélité. Elle n’aimait pas Napoléon ; elle lui gardait une rancune enfantine de l’avoir grondée, quand elle était jeune fille, pours ses caprices et son inexactitude. Il avait fallu que son mari la suppliât longtemps pour lui faire accepter l’idée de suivre l’Empereur à Sainte-Hélène. Encore, avait-elle tenté, sous l’impulsion du désespoir, de se jeter du Bellerophon à la mer[2]. Tiraillé entre le devoir et l’amour conjugal, l’honnête Bertrand perdait tout sang-froid. Il se confina dans un rôle effacé où il manqua d’adresse et de mesure. ». Fanny, reçut souvent la souvent la visite du Dr Antommarchi dont elle appréciait la présence. Elle fréquentera également Lady Lowe, l’épouse du gouverneur. Psychologiquement fragile, elle passera six années à regretter et à pleurer la situation dans laquelle elle se trouve ! A sa décharge, elle connut, comme d’autres proches de Napoléon, nombre de problème de santé, notamment plusieurs fausses-couches. Le général Bertrand a dû peut-être regretter parfois de l’avoir entraîné dans une telle aventure ! Fanny meurt en 1836, emportée par un cancer.
C.B.
[1] De son vrai prénom Elizabeth, elle est la fille du général Arthur Dillon, d’origine irlandaise. Par sa mère, née Laure Girardin de Montgérard, Fanny est cousine germaine de Joséphine de Beauharnais.
[2] Dans son « Journal de Sainte-Hélène », le général Gourgaud note à la date du 29 juillet 1815, que Mme Bertrand ne veut pas que son mari figure sur la liste des personnes devant accompagner Napoléon à Sainte-Hélène. Il écrit : « Après le dîner, Mme Bertrand a une attaque de nerfs. » Le 30 juillet 1815, Gourgaud note : « Montholon nous raconte que Mme Bertrand a voulu le violer… Putiphar. » [Est-ce une allusion à Putiphar, personnage du « Livre de la Genèse » et officier du pharaon, qui acheta un esclave du nom de Joseph ? L’épouse de Putiphar s’éprend de Joseph qui refuse ses avances ; après quoi, elle l’accuse d’avoir voulu la violer et le fait jeter en prison.] Et le 21 juillet 1815, le même écrit : « Le soir, Mme Bertrand court comme une folle chez l’Empereur, sans être annoncée, fait grand tapage, rentre chez elle et y recommence une scène épouvantable ; elle veut se jeter à la mer. »