A partir du tout début des années 1990, j’ai porté un intérêt croissant aux Mémoires et autres Souvenirs qu’ils soient civils ou militaires; qu’ils concernent une ou plusieurs campagnes militaires ou bien encore qu’ils soient consacrés à Napoléon ou à son entourage.
Ma démarche a été, dès le départ, de laisser la parole à ces témoins et acteurs du Premier Empire, tout en restant attentif à ce que ces hommes ou femmes ont écrit, en les écoutant, en quelque sorte. Je ne me considère pas faisant partie de ces historiens qui vont sortir un énième livre sur Waterloo ou sur le Retour des Cendres en supposant, en extrapolant, telle ou telle chose, en servant aux lecteurs une sorte de réchauffé accommodé à une nouvelle sauce afin de le rendre plus digeste. Non !
Que ce soit avec les différents volumes que j’ai fait paraître chez Omnibus (2011-2018), ou bien ceux consacrés à la captivité de Napoléon à Sainte-Hélène (L’Artilleur, 2021), à la campagne de Russie (Jourdan, 2023), ou encore au récit qu’a laissé Charles-Louis Cadet de Gassicourt sur la campagne d’Autriche (Müller, 2024), c’est la parole aux différents témoins que j’ai privilégiée. Sans interprétation oiseuse, sans extrapolation douteuse. Et nous savons tous combien sont légions ceux qui interprètent l’histoire d’hier avec leurs yeux d’aujourd’hui , aveuglément, sans réfléchir, en ne sentant nullement obligé, un seul instant, de se replacer dans le contexte de l’époque concernée, sans se poser la question cruciale : « Qu’aurais-je fais à sa place ? » D’autres de ceux-là, ils sont heureusement minoritaires, entreprennent une action de réécriture de l’Histoire, de démolition systématique, avançant un raisonnement des plus spécieux, qui a pour tendance à nuire à l’histoire napoléonienne, le tout sous des aspects éclairés factices !
Ceux-là mêmes se disent être publiquement des « napoléoniens »; leur attitude tantôt favorable à Napoléon, tantôt se rangeant presque dans le camp des opposants, me rend perplexe quant à leur comportement que l’on peut aisément qualifier d’ « étrange ».
Mais laissons-là ces girouettes dans le labyrinthe de leur démarche si contestable !
Les témoignages sur l’Empire sont donc un patrimoine mémoriel précieux et incontournables pour tout amateur de notre histoire nationale; c’est ce qu’il faut retenir.
Christophe BOURACHOT